Après le Krakatau, nous sommes partis vers l'Est, non sans mal. Il a fallu sept heures d'errance sur la mer pour rejoindre le port de Carita et vingt-quatre de car pour arriver au temple de Borobodur que nous avons visité.
Puis nous avons rejoint le camp de base du Merapi, SELO un village de plusieurs milliers d'habitants.

Le Merapi culmine à plus de 2900m d'altitude. Merapi,en indonésien, signifie le feu rouge. Nous ne verrons pas de rouge, mais un splendide lever de soleil. Nous partons encore très tôt. J'ai très peu dormi depuis le début du voyage. Cela ne fait rien car je ne suis pas un gros dormeur. Je me suis toujours demandé comment certains peuvent dormir jusqu'à 10 heures du matin. Quand on fait de la montagne on ne traîne pas dans son lit. Il faut affronter la nuit ou le froid mordant du matin. C'est un peu comme ça dans les Alpes ou quand je pars au travail où parfois sur le chemin de l'école le froid se mêle à la neige et au vent qui fait tomber le thermomètre.
Le ski de randonnée aussi est dur et met l'homme à l'épreuve de la morsure du froid. Mais nous aimons dépasser cet inconfort pour apprécier cette indescriptible joie de se retrouver dans une nature sauvage qui met à l'épreuve notre résistance.

Ainsi nous montons une pente raide qui s'emballe comme mon coeur ivre de se retouver dans cet effort. Nous quittons la route pour un chemin étroit pentu et poussiéreux. Mais nous voyons peu de choses malgré nos lampes frontales si ce n'est les lumières des villages qui commencent à s'éloigner et les étoiles qui se rapprochent de plus en plus. Je sais très peu de choses sur leurs noms: cassiopée, la grande ourse...
Des silhouettes d'arbres me rappellent que nous sommes dans la forêt.
Il ne fait ni trop chaud  ni trop froid. Peu à peu nous nous rapprochons du Merapi.


Le Merapi est un dôme de lave visqueuse qui engendre de nombres nuées ardentes très destructrices. Ces avanlaches depuis 1931 sont orientées vers le Sud-ouest. Ces nuées sont des avalanches de matière volcanique. Le Mérapi est considéré comme le plus dangereux des volcans indonésiens. Il est très surveillé par le VSI, mais aussi très étudié.
François Beauducel a écrit une thèse sur le Mérapi. Il a aussi travaillé avec Haroun Tazieff, François Le Guern et Frédéric Lécuyer sur ce volcan. Frédéric a rédigé un artcle intéressant sur le Merapi dans la revue Eruption. Les travaux et les écrits de Tazieff sont pour moi une référence. Je connais ce volcan depuis longtemps grâce à Tazieff. Etre ce jour-là sur le sommet est exceptionnel. Je peux difficilement exprimer ma joie d'être au sommet. Je ne suis pas un expansif, mais plutôt solitaire tant dans la vie que dans l'effort et la pensée. Je garde mes pensées pour moi. Le sommet est là, baigné d'un lever de soleil. Il y a déjà d'autres randonneurs et leurs guides sur la dôme.

Le Mérapi semble calme. Quelques fumerolles s'échappent du volcan. Côté dôme une solfatare de plusieurs mètres carrés s'est développée.
Ce volcan m'impressionne pas. Nous ne réalisons peut-être pas de sa puissance ou du feu qui couve sous nos pieds. L'Indonésie ressemble à ce dragon dont parle la légende. Nous sommes devant son oeil bien fermé aujourd'hui. Le dragon se repose. Mais que se passera t-il lorsqu'il ouvrira son oeil plein de flammes? Selon la légende lorsque le Merapi se réveille en entrant en éruption c'est tout Java qui bouge et fait sursauter ces volcans.

Après quelques photos nous pouvons redescendre. La descente est rapide. Le guide file à toute vitesse dans un nuage de poussières. Je n'ai pas le temps d'enlever mes guêtres et je ne manque pas de m'effondrer par terre. Je vide ma gourde pour étancher ma soif mais surtout pour humidifier ma gorge poussiéreuse. Enfin nous quittons le chemin pour arriver à un bar où un indonésien me propose un sceau d'eau pour me laver. J'en profite pour me désalterer en attendant mes camarades. J'offre une bière au guide et je converse avec plusieurs indonésiens qui sont là tout simplement.
La descente est plaisante avec ma camarade  et nous rentrons à l'hôtel où il faut déjà faire les valises pour partir vers Jogjakarta où nous dormirons avant de prendre un avion en destination de Surabaya et le Bromo.

C'était le dimanche 3 août 2008.



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